Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce qui serait curieux, c’est qu’il eût réclamé son petit cadeau, ses petits gants, se dit Durtal, en pinçant les lèvres.

— Et savez-vous ce qu’est devenu le terrible Docre, fit des Hermies ?

— Non, Dieu merci ; il doit être dans le Midi aux environs de Nîmes, où il résidait jadis.

— Mais enfin que fait-il, cet abbé ? questionna Durtal.

— Ce qu’il fait ! Il évoque le Diable, nourrit des souris blanches avec des hosties qu’il consacre ; sa rage du sacrilège est telle qu’il s’est fait tatouer sous la plante des pieds l’image de la Croix, afin de pouvoir toujours marcher sur le Sauveur !

— Eh bien, murmura Carhaix dont la moustache en broussaille se retroussa, tandis que ses gros yeux flambaient, eh bien si cet abominable prêtre se trouvait ici, dans cette pièce, je vous jure que je respecterais ses pieds, mais que je lui ferais descendre l’escalier avec sa tête !

— Et la messe noire ? reprit des Hermies.

— Il la célèbre avec des femmes et des gens ignobles ; on l’accuse aussi ouvertement d’héritages captés, d’inexplicables morts. Malheureusement, il n’y a pas de lois qui répriment le sacrilège, et comment poursuivre en justice un homme qui envoie des maladies à distance et tue