Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/222

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— Là, ça y est, — dit-il, après un dernier coup de brosse. Il retourna dans les autres pièces, fourgonna les feux, donna enfin à dîner au chat qui rôdait, ahuri, flairant tous les objets lavés, les jugeant sans doute différents de ceux qu’il frôlait, sans s’en occuper, tous les jours.

Et l’en-cas qu’il oubliait ! Durtal posa près de la cheminée une bouillotte, distribua sur un ancien plateau de laque, des tasses, la théière, le sucrier, des gâteaux, des bonbons, des petits verres en bordure, afin de les avoir prêts sous la main, aussitôt qu’il estimerait que le moment était venu de les servir.

Cette fois, c’était achevé ; le logement est sévèrement épouillé, elle peut arriver, se dit-il, en alignant dans ses rayons quelques livres dont les dos dépassaient ceux des autres. Tout est bien, sauf… sauf le verre de ma lampe qui est piqué, dans son renflement, à la hauteur de la mèche, de points de caramel, et tigré de jus de pipe ; mais ça, je suis incapable de l’enlever, et puis je n’ai pas envie de me brûler les doigts ; au reste, en baissant un peu l’abat-jour, on ne l’aperçoit pas.

Voyons, comment vais-je m’y prendre, lorsqu’elle viendra ? se demanda-t-il, en s’enfonçant dans son fauteuil. Elle entre, bon, je lui prends les mains, je les embrasse ; puis, amenée ici, dans cette pièce, je la fais asseoir près du feu,