Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/253

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l’un de ces Christ en bois, sculptés au xviie siècle, par Bogard de Nancy et couché sur un lit de velours, en un ancien cadre de bois doré, relevaient un peu la banalité de cet ameublement de bourgeois faisant leurs Pâques, recevant des dames de charité et des prêtres.

Un grand feu flambait dans l’âtre ; une très haute lampe à abat-jour de dentelle rose, éclairait la pièce.

— Ce que ça pue la sacristie ! se disait Durtal, au moment où la porte s’ouvrit.

Mme  Chantelouve entra, moulée dans un peignoir de molleton blanc, embaumant la frangipane. Elle serra la main de Durtal, s’assit en face de lui et il aperçut sous le peignoir des bas de soie indigo dans des petits souliers vernis, à grilles.

Ils parlèrent du temps ; elle se plaignait de la persistance de l’hiver, déclarait que malgré les fournaises les plus actives elle demeurait toujours grelottante et glacée et elle lui donna à tâter ses mains qui étaient, en effet, froides ; puis elle s’inquiéta de sa santé, le trouva pâle.

— Mon ami a l’air bien triste, dit-elle.

— On le serait à moins, fit-il, désirant se rendre intéressant.

Elle ne répondit pas tout d’abord, puis :

— Hier, j’ai vu combien vous me désiriez ! mais pourquoi, pourquoi, vouloir en arriver là ?