Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/254

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Il esquissa un vague geste de dépit.

— Vous êtes tout de même singulier, reprit-elle. J’ai relu l’un de vos livres, aujourd’hui et j’y ai noté cette phrase : « Il n’y a de bon que les femmes que l’on a pas, » allons, avouez que vous aviez raison en l’écrivant !

— Ça dépend, je n’étais pas amoureux alors !

Elle hocha la tête. — Voyons, dit-elle, il faut que je prévienne mon mari que vous êtes là.

Durtal resta silencieux, se demandant quel rôle il jouait décidément dans ce ménage.

Chantelouve revint avec sa femme. Il était en robe de chambre et il avait la bouche barrée par un porte-plume.

Il le déposa sur la table, et après avoir assuré Durtal que sa santé s’était tout à fait remise, il se plaignit de labeurs écrasants, de fardeaux énormes. J’ai dû renoncer à mes dîners et à mes réceptions, je ne vais même plus dans le monde, dit-il, je suis attelé, du matin au soir, devant ma table.

Et à une question de Durtal s’enquérant de la nature de ces travaux, il avoua toute une série de volumes sur des vies de Saints ; de l’ouvrage à la grosse, non signé, commandé pour l’exportation par une maison de Tours.

— Oui et, dit en riant sa femme, ce sont des Saints vraiment négligés qu’il prépare.