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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/258

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avait ouï dire que ce Roi constamment veuf, égorgeait ses femmes ; enfin Saint Gildas lui promit de lui rendre sa fille saine et sauve quand il la réclamerait et l’union fut célébrée.

Quelques mois après, Triphine apprit qu’en effet Cômor tuait ses compagnes, dès qu’elles devenaient enceintes. Elle était grosse, elle s’enfuit, mais fut atteinte par son mari qui lui trancha le col. Le père éploré somma Saint Gildas de tenir sa promesse et le Saint ressuscita Triphine.

Comme vous le voyez, cette légende se rapproche beaucoup plus que l’histoire de Barbe-Bleue du vieux conte arrangé par l’ingénieux Perrault. Maintenant, quant à vous dire comment et pourquoi le surnom de Barbe-Bleue a émigré du roi Cômor au Maréchal, je l’ignore ; cela se perd dans la nuit des âges !

— Mais, dites donc, vous devez brasser à pleins bras le Satanisme avec votre Gilles de Rais, reprit Chantelouve, après un silence.

— Oui, ce serait même intéressant, si ces scènes n’étaient pas aussi loin de nous ; ce qui serait vraiment plus alléchant et moins désuet, ce serait de décrire le Diabolisme de nos jours !

— Sans doute, fit Chantelouve avec bonhomie.

— Car, poursuivit Durtal qui le regardait, il se passe des choses inouïes pour l’instant ! L’on m’a parlé de prêtres sacrilèges, d’un certain cha-