Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/268

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disait : tu raconteras ce que tu voudras, mais tu la danseras, ce soir ; et, tout haut, il lui répondait par monosyllabes, en continuant de l’investir.

Il se leva, pensant qu’elle ferait de même ou qu’il pourrait mieux, si elle restait assise, atteindre, en se penchant, sa bouche.

— Vos lèvres ! vos lèvres d’hier ! fit-il, alors qu’il s’approcha de son visage et elle les avança, debout. Ils restèrent enlacés mais comme ses mains à lui, furetaient, elle recula.

— Songez au ridicule, dit-elle, à voix basse, il va falloir se déshabiller, se mettre en chemise, et la sotte scène de la montée dans le lit ! Il évita de se prononcer, essayant de lui faire doucement comprendre par une pliante étreinte qu’elle pouvait s’épargner ces embarras ; mais il comprit, à son tour, en sentant la taille qui se roidissait sous ses doigts, qu’elle ne voulait absolument pas s’abandonner devant le feu, dans son salon, là.

— Allons, dit-elle, en se dégageant, vous le voulez !

Il s’effaça pour la laisser pénétrer dans l’autre chambre et, voyant qu’elle désirait être seule, il tira le rideau qui séparait, au lieu de porte, les deux pièces.

Il s’assit de nouveau au coin de la cheminée et il réfléchit. Peut-être aurait-il dû défaire le lit et ne pas lui laisser ce soin, mais c’eût été sans doute trop