Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/269

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souligné et trop direct. Ah ! et cette bouillotte ! Il la prit, se rendit, sans entrer dans la chambre à coucher, dans le cabinet de toilette et il la posa sur la console, puis, en un tour de main, il aligna sur les rayons, la boîte à poudre de riz, les odeurs et les peignes et, revenu dans son cabinet de travail, il écouta.

Elle faisait le moins de bruit possible, marchait, ainsi que dans une chambre de mort, sur la pointe des pieds, et elle souffla les bougies, ne voulant plus sans doute être éclairée que par les braises roses de l’âtre.

Il se sentait positivement anéanti ; l’impression irritante des lèvres, des yeux d’Hyacinthe était loin ! Elle n’était plus qu’une femme se dévêtant comme une autre, chez un homme. Des souvenirs de scènes semblables l’accablèrent ; il se rappela des filles qui, elles aussi, glissaient sur le tapis pour ne pas être entendues, demeuraient immobiles, honteuses, pendant une seconde, alors qu’elles cognaient le pot à eau et la cuvette. Et puis, à quoi bon cela ? Maintenant qu’elle se livrait, il ne la désirait plus ! la désillusion lui vint avant même qu’il ne fût assouvi et non plus après, comme de coutume. Sa détresse d’âme fut telle qu’il faillit pleurer.

Le chat effaré filait sous le rideau, courait d’une pièce à l’autre ; il finit par s’installer auprès de