Aller au contenu

Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tèrent. Il se déshabilla, jetant un coup d’œil sur le visage d’Hyacinthe ; il s’effaçait, dans l’ombre et parfois s’éclairait de feux rouges, suivant le revif des bûches qui se consumaient dans leur cendre. Lestement, il se glissa dans les draps.

Il serrait une morte, un corps si froid qu’il glaçait le sien ; mais les lèvres de la femme brûlaient et lui mangeaient silencieusement la face. Il demeura abasourdi, étreint par ce corps enroulé autour du sien, et souple comme une liane et dur ! Il ne pouvait plus, ni bouger, ni parler, car des baisers lui couraient sur la figure. Il parvint pourtant à se dégager et, de son bras devenu libre, il la chercha ; alors subitement, tandis qu’elle lui dévorait la bouche, il eut une détente de nerfs et, naturellement, sans profit, il déserta.

— Je vous déteste ! fit-elle.

— Pourquoi ?

— Je vous déteste !

Il eut envie de répondre : — Et moi donc ! — Il était exaspéré et il eût donné tout ce qu’il possédait pour qu’elle se rhabillât et partît !

Le feu dans la cheminée s’éteignait, n’éclairait plus. Maintenant apaisé, sur son séant, il regardait dans l’ombre ; il eût voulu trouver sa chemise de nuit, car celle qu’il portait était empesée et remontait, en se cassant. Mais Hyacinthe était couchée dessus ; — puis il constata que son lit