Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est, ni impuissant, ni saint ; or, tu n’es ni l’un, ni l’autre, je pense ; ou bien alors si, pour des motifs inconcevables, tu désires vivre avec une aiguillette nouée, suis la recette d’un vieil occultiste du xvie siècle, le Napolitain Piperno ; il affirme celui-là que quiconque mange de la verveine ne peut approcher une femme pendant sept jours ; achètes-en un pot, broute-le, et nous verrons.

Durtal se mit à rire. — Il y aurait peut-être un moyen terme : ne jamais faire acte de chair avec celle que l’on aime et, pour avoir la paix, fréquenter, quand on ne peut faire autrement, celles que l’on n’aime pas. On conjurerait sans doute ainsi, dans une certaine mesure, les dégoûts possibles.

— Non ; l’on s’imaginerait quand même que l’on éprouverait avec la femme dont on raffole des délices charnelles absolument différentes de celles que l’on ressent avec les autres et ça finirait encore mal ! puis les femmes auxquelles on ne serait point indifférent n’ont pas l’esprit assez charitable et assez discret pour admirer la sagesse de cet égoïsme, car enfin c’est cela ! — Mais, dis donc, si tu enfilais tes bottines ; six heures vont sonner et le bœuf de la maman Carhaix ne peut attendre.

Il était déjà sorti de la marmite, couché sur un lit de légumes, dans un plat, lorsqu’ils arrivèrent.