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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/282

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Carhaix, enfoui dans un fauteuil, lisait son bréviaire.

— Quoi de neuf ? dit-il, en fermant son livre.

— Mais rien, la politique ne nous intéresse pas et les réclames américaines du Général Boulanger vous lassent autant que nous, je suppose ; d’autre part, les histoires des journaux sont encore plus que d’habitude troubles ou nulles ; — prends garde, toi, tu vas te brûler, reprit des Hermies, s’adressant à Durtal qui s’apprêtait à avaler une cuillerée de soupe.

— Le fait est que ce bouillon médullaire et savamment doré est une fournaise liquide ! — Mais, à propos de nouvelles, que dites-vous donc qu’il n’y en a point de pressantes ? Et ce procès de l’étonnant abbé Boudes, qui va s’engager devant les Assises de l’Aveyron ! Après avoir tenté d’empoisonner son curé dans le vin du Sacrifice, et avoir épuisé tous les autres crimes, tels qu’avortements, viols, attentats à la pudeur, faux, vols qualifiés et usures, il a fini par s’approprier le tronc des âmes du Purgatoire et il a mis au clou le ciboire, le calice, tous les instruments du culte ! Il me semble qu’il n’est pas mal !

Carhaix leva les yeux au ciel.

— S’il n’est pas condamné, ce sera un prêtre de plus pour Paris, dit des Hermies.

— Pourquoi ?