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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/283

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— Pourquoi ? mais parce que tous les ecclésiastiques qui ont failli en province ou qui ont eut de sérieux démêlés avec l’Ordinaire, sont envoyés ici où ils sont moins en vue, presque perdus dans le foule ; ils font partie de la corporation de ces abbés qu’on nomme « les prêtres habitués. »

— Qu’est-ce ? demanda Durtal.

— Ce sont les prêtres attachés à une paroisse. Tu sais qu’en sus du curé ou du desservant, des vicaires, du clergé en pied, il y a dans chaque église des prêtres adjoints ou suppléants, ce sont ceux-là. Ils font le gros ouvrage, célèbrent les messes matutinales, quand tout le monde dort, ou les messes tardives quand tout le monde digère. Ce sont ceux aussi qui se lèvent, la nuit, pour porter les sacrements aux pauvres, qui veillent les cadavres des dévots riches, attrapent, dans les enterrements, des courants d’air sous les porches, les coups de soleil, au cimetière, ou les paquets de neige et de pluie devant les fosses. Ils écopent les corvées ; moyennant cinq ou dix francs, ils remplacent encore des collègues mieux appointés que leur service ennuie ; ce sont des gens en disgrâce, pour la plupart ; on les attache, pour s’en débarrasser, à une église et on les surveille, en attendant qu’on leur retire leur celebret ou qu’on les interdise. C’est te dire aussi que les paroisses de province évacuent sur la Ville les prêtres qui,