Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/291

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— Qu’a-t-il, au juste ? demanda Durtal.

— Je n’en sais absolument rien. Je l’ai ausculté avec soin, visité sur toutes les coutures. Il se plaint de coups d’aiguilles du côté du cœur. J’ai constaté des troubles nerveux et c’est tout ; ce qui est plus inquiétant, c’est un état de dépérissement inexplicable pour un homme qui n’est ni cancéreux, ni diabétique.

— Ah çà, je suppose, dit Carhaix, qu’on n’envoûte plus les personnes avec des images de cire et des épingles, avec la « Manie » ou la « Dagyde », comme cela s’appelait, au bon vieux temps ?

— Non, ce sont des pratiques maintenant surannées et presque partout omises. Gévingey que j’ai confessé, ce matin, m’a raconté de quelles extraordinaires recettes se sert l’affreux chanoine. Ce sont là, paraît-il, les secrets inrévélés de la magie moderne.

— Ah ! mais voilà qui m’intéresse, fit Durtal.

— Je me borne, bien entendu, à répéter ce qui me fut dit, reprit des Hermies, en allumant sa cigarette.

Eh bien ! Docre possède dans des cages, et il les emporte en voyage, des souris blanches. Il les nourrit d’hosties qu’il consacre et de pâtes qu’il imprégne de poisons savamment dosés. Lorsque ces malheureuses bêtes sont saturées, il les prend, les tient au-dessus d’un calice, et,