Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/292

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avec un instrument très aigu il les perce de part en part. Le sang coule dans le vase et il l’emploie comme je vous l’expliquerai tout à l’heure, pour frapper ses ennemis, de mort. D’autres fois, il opère sur des poulets, sur des cochons d’Inde, mais, dans ce cas, il use non point du sang, mais bien de la graisse de ces animaux devenus ainsi des tabernacles exécrés et vénéneux.

D’autres fois encore, il se sert d’une recette inventée par la société satanique des Ré-Théurgistes Optimates dont je t’ai déjà parlé, et il apprête un hachis composé de farine, de viande, de Pain Eucharistique, de mercure, de semence animale, de sang humain, d’acétate de morphine et d’huile d’aspic.

Enfin, et selon Gévingey, cette dernière ordure serait plus périlleuse encore ; il gave des poissons de Saintes Espèces et de toxiques habilement gradués ; ces toxiques sont choisis parmi ceux qui détraquent le cerveau ou tuent dans des attaques tétaniques l’homme dont les pores les absorbent. Puis, lorsque ces poissons sont bien imbibés de ces substances scellées par le sacrilège, Docre les retire de l’eau, les laisse pourrir, les distille, et il en extrait une huile essentielle dont une goutte suffit à rendre fou !

Cette goutte s’emploie, paraît-il, à l’extérieur. De même que dans les Treize de Balzac, c’est en