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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/295

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— Oui, cet homme fait, et cela je le sais, d’inexplicables cures.

— Mais avec quoi ?

— Gévingey parle, à ce propos, du sacrifice de gloire de Melchissédec que le docteur célèbre. Je ne sais pas du tout ce qu’est ce sacrifice ; mais Gévingey nous renseignera peut-être, s’il revient guéri !

— C’est égal, je ne serais pas fâché de contempler, une fois dans ma vie, ce chanoine Docre, dit Durtal.

— Moi pas ; car c’est l’incarnation du maudit sur la terre, s’écria Carhaix, en aidant ses amis à endosser leurs paletots.

Il alluma sa lanterne et, en descendant l’escalier, comme Durtal se plaignait du froid, des Hermies se mit à rire.

— Si ta famille avait connu les secrets magiques des plantes, tu ne grelotterais pas ainsi, fit-il. L’on apprenait, en effet, au xvie siècle, qu’un enfant pouvait n'avoir, ni chaud, ni froid, pendant toute sa vie, si on lui avait frotté les mains avec du jus d’absinthe, avant que la douzième année de sa vie se fut écoulée. C’est, tu le vois, une recette parfumée, moins dangereuse que celles dont abuse le chanoine Docre.

Une fois en bas, et, après que Carhaix eut refermé la porte de sa tour, ils hâtèrent le pas, car le vent du Nord balayait la place.