Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/294

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— Ça, c’est une autre affaire. On a le choix entre deux moyens, pour atteindre l’ennemi que l’on vise. Le premier et le moins usité est celui-ci : le magicien se sert d’une voyante, d’une femme qui s’appelle dans ce monde-là, « un esprit volant » ; c’est une somnambule qui, mise en état d’hypnotisme, peut se rendre en esprit où l’on veut qu’elle aille. Il est dès lors possible de lui faire porter, à des centaines de lieues et à la personne qu’on lui désigne, les poisons magiques. Ceux qui sont atteints par cette voie, n’ont vu personne et ils deviennent fous ou meurent, sans même soupçonner le vénéfice. Mais outre que ces voyantes sont rares, elles sont dangereuses, car d’autres personnes peuvent aussi les fixer en état de catalepsie et leur extirper des aveux. Cela vous explique comment les gens tels que Docre ont recours au second moyen qui est plus sûr. Il consiste à évoquer, ainsi que dans le Spiritisme, l’esprit d’un mort et à l’envoyer frapper avec le maléfice préparé la victime. Le résultat est le même, mais le véhicule change.

Voilà, conclut des Hermies, rapportées très exactement, les confidences que me fit, ce matin, l’ami Gévingey.

— Et le Dr Johannès guérit les gens intoxiqués de cette manière ? demanda Carthaix.