Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/308

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j’ai suffisamment de tracas à se sujet avec mon confesseur qui m’interdit de m’approcher de la Sainte-Table.

Il la contemplait, voyait encore une nouvelle Hyacinthe, une femme pertinace et dure qu’il ignorait. Pas un accent ému, rien, pendant qu’elle racontait le suicide de son premier mari ; elle ne paraissait même pas se douter qu’elle avait à se reprocher un crime. Elle demeurait impitoyable, et pourtant, tout à l’heure, alors qu’elle le plaignait, lui, Durtal, à cause de son illusoire paternité, il l’avait sentie tressaillir. Après tout, c’est peut-être bien une comédie qu’elle jouait ; — comme lui, alors !

Il restait étonné de la tournure qu’avait prise cette conversation ; il chercha un joint pour en revenir à ce point de départ d’où Hyacinthe l’avait écarté, au Satanisme du chanoine Docre.

— Enfin, ne pensons plus à cela, dit-elle en s’approchant. Elle souriait, redevenait la femme qu’il avait connue.

— Mais, si vous ne pouvez plus communier à cause de moi…

Elle l’interrompit. — Vous plaindrez-vous de n’être pas aimé ? — et elle l’embrassa sur les yeux.

Il la serra poliment dans ses bras, mais il la trouva frémissante et, par prudence, il s’écarta.

— Il est donc bien inexorable votre confesseur ?