monde où je vis, et elles ne paraissent pas non plus être les vôtres ; elles furent d’ailleurs, pendant mon premier mariage, une cause de malheurs et de troubles ; — mais j’ai une volonté de fer, et je ploie ceux qui m’aiment. Avec cela, je hais le mensonge ; aussi, quand après quelques années de ménage, je fus éprise d’une personne, je l’ai dit très franchement à mon mari et je lui ai avoué ma faute.
— Oserai-je vous demander comment il reçut cette confidence ?
— Il eut un tel chagrin qu’en une nuit ses cheveux blanchirent ; il ne put jamais accepter ce qu’il appelait, à tort, selon moi, une trahison et il se tua.
— Ah ! fit Durtal, interloqué par l’allure placide et résolue de cette femme. — Mais s’il vous avait tout d’abord étranglée ?
Elle haussa les épaules, enleva un poil de chat qui s’était fixé sur sa robe.
— De sorte que, reprit-il, après un silence, maintenant vous êtes à peu près libre, votre second mari tolère…
— Laissons-là, s’il vous plaît, mon second mari ; c’est un homme excellent qui mériterait d’avoir une meilleure femme. Je n’ai absolument qu’à me louer de Chantelouve et je l’aime autant qu’il m’est permis ; et puis, parlons d’autre chose, car