Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/339

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peut égaler la hideur de ce séminaire qui dégage l’odeur rance et glacée d’un hospice. La fontaine avec ses bassins polygones, ses vases à pot au feu, ses lions pour têtes de chenets, ses prélats en niches, n’est point un chef-d’œuvre, pas plus que cette mairie dont le style administratif vous couvre les yeux de cendre ; mais sur cette place, comme dans les rues Servandoni, Garancière, Férou qui l’avoisinent, l’on respire une atmosphère faite de silence bénin et d’humidité douce. Ça sent le placard oublié et un peu l’encens. Cette place est en parfaite harmonie avec les maisons des rues surannées qui l’enserrent, avec les bondieuseries du quartier, les fabriques d’images et de ciboires, les librairies religieuses dont les livres ont des couvertures couleur de pépin, de macadam, de muscade, de bleu à linge !

Oui, c’est caduc et discret, conclut-il. La place était alors presque déserte. Quelques femmes gravissaient le perron de l’église, devant des mendiants qui murmuraient des patenôtres, en secouant des sous dans des gobelets ; un ecclésiastique, tenant sous son bras un livre revêtu de drap noir, saluait des dames aux yeux blancs ; quelques chiens galopaient ; quelques enfants se poursuivaient ou sautaient à la corde ; les énormes omnibus chocolat de la Villette et le petit omnibus jaune miel de la ligne d’Auteuil, partaient