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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/365

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elle se célébrait sur le ventre, et maintenant ?

— Je crois qu’elle a lieu comme à l’Église, devant un autel. Du reste, à la fin du xve siècle, elle s’est quelquefois débitée ainsi, dans les Biscayes. Il est vrai que le diable opérait alors en personne. Revêtu d’habits épiscopaux, déchirés et souillés, il communiait avec des rondelles de savate, criant : ceci est mon corps ! Et il donnait à mâcher ces dégoûtantes espèces aux fidèles qui lui avaient préalablement baisé la main gauche, le cas et le croupion. J’espère que tu ne seras pas obligé de rendre d’aussi bas hommages à ton chanoine.

Durtal se mit à rire. — Non, je ne pense pas qu’il exige de telles prébendes ; mais, voyons, tu ne juges point que décidément les êtres qui, pieusement, ignoblement, suivent ces offices sont un peu fous ?

— Fous ! et pourquoi ? — Le culte du Démon n’est pas plus insane que celui de Dieu ; l’un purule et l’autre resplendit, voilà tout ; à ce compte-là, tous les gens qui implorent une divinité quelconque seraient déments ! Non, les affiliés du Satanisme sont des mystiques d’un ordre immonde, mais ce sont des mystiques. Maintenant, il est fort probable que leurs élans vers l’au-delà du Mal coïncident avec les tribulations enragées des sens, car la Luxure est la goutte-mère du