Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/372

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qu’il rejoignit au tournant d’un couloir éclairé par une lampe.

— Pensiez-vous rencontrer ici des Saints ? Et elle haussa les épaules et tira une porte. Ils étaient dans une chapelle, au plafond bas, traversé par des poutres peinturlurées au goudron, aux fenêtres cachées sous de grands rideaux, aux murs lézardés et déteints. Durtal recula, dès les premiers pas. Des bouches de calorifère soufflaient des trombes ; une abominable odeur d’humidité, de moisi, de poêle neuf, exaspérée par une senteur irritée d’alcalis, de résines et d’herbes brûlées, lui pressurait la gorge, lui serrait les tempes.

Il s’avançait à tâtons, sondait cette chapelle qu’éclairaient à peine, dans leurs suspensions de bronze doré et de verre rose, des veilleuses de sanctuaire. Hyacinthe lui fit signe de s’asseoir et elle se dirigea vers un groupe de personnes installées sur des divans, en un coin, dans l’ombre. Un peu gêné d’être ainsi mis à l’écart, Durtal remarqua que, parmi ces assistants, il y avait très peu d’hommes et beaucoup de femmes ; mais ce fut en vain qu’il s’efforça de discerner leurs traits. Çà et là, pourtant, à un élan des veilleuses, il apercevait un type junonien de grosse brune, puis une face d’homme, rasée et triste. Il les observa, put constater que ces femmes ne caquetaient pas entre elles ; leur conversation paraissait peureuse et grave, car aucun