Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/373

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rire, aucun éclat de voix ne s’entendait, mais un chuchotement irrésolu, furtif, sans aucun geste.

Sapristi ! se dit-il, Satan n’a pas l’air de rendre ses fidèles heureux !

Un enfant de chœur, vêtu de rouge, s’avança vers le fond de la chapelle et alluma une rangée de cierges. Alors l’autel apparut, un autel d’église ordinaire, surmonté d’un tabernacle au-dessus duquel se dressait un Christ dérisoire, infâme. On lui avait relevé la tête, allongé le col et les plis peints aux joues muaient sa face douloureuse en une gueule tordue par un rire ignoble. Il était nu, et à la place du linge qui ceignait ses flancs, l’immondice en émoi de l’homme surgissait d’un paquet de crin. Devant le tabernacle, un calice couvert du pale était posé ; l’enfant de chœur lissait avec ses mains la nappe de l’autel, ginginait des hanches, se haussait sur un pied, comme pour s’envoler, jouait les chérubins, sous prétexte d’atteindre les cierges noirs dont l’odeur de bitume et de poix s’ajoutait maintenant aux pestilences étouffées de cette pièce.

Durtal reconnut sous la robe rouge le « petit Jésus » qui gardait la porte quand il entra et il comprit le rôle réservé à cet homme dont la sacrilège ordure se substituait à cette pureté de l’enfance que veut l’Église.

Puis, un autre enfant de chœur encore plus hi-