Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/385

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même surprendre un clin d’œil échangé entre Mme  Chantelouve et lui.

Il alluma une bougie et souffla à voix basse :

— Monsieur, vous ne pouvez boire, sans vous faire remarquer, avec ces gens ; je vais vous conduire dans une pièce où vous serez seuls.

— Voilà, dit Durtal à Hyacinthe qui s’engageait dans la spirale d’un escalier, voilà bien des allées et venues pour un verre d’eau !

Mais elle était déjà entrée dans une chambre, au papier arraché, moisi, couvert d’images de journaux illustrés piquées avec des épingles à cheveux, pavée de carreaux disloqués, creusée de fondrières, meublée d’un lit à flèche et sans rideaux, d’un pot de chambre égueulé, d’une table, d’une cuvette et de deux chaises.

L’homme apporta un carafon d’eau-de-vie, du sucre, une carafe, des verres, puis il descendit. Alors, les yeux fous, sombres, elle enlaça Durtal.

— Ah ! mais non ! s’écria-t-il, furieux d’être tombé dans ce piège, j’ai assez de tout cela, moi ! Et puis, il se fait tard, votre mari vous attend, il est temps pour vous de l’aller rejoindre !

Elle ne l’écoutait même pas.

— Je te désire, fit-elle, et elle le prit en traître, l’obligea à la vouloir.

Et elle se déshabilla, jeta par terre sa robe, ses jupes, ouvrit toute grande l’abominable couche,