Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/389

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égorger, sans que des parents chiaillent et sans que la police ne s’en mêle !

— Sans doute et c’est à des difficultés de ce genre qu’il convient évidemment d’attribuer la célébration pacifique de cette messe. Mais, je repense, pour l’instant, à ces femmes que tu m’as décrites, à celles qui se jettent la face sur des réchauds afin de humer la fumée des résines et des plantes ; elles usent des procédés des Aïssaouas qui se précipitent également la tête sur des braseros, alors que la catalepsie, nécessaire à leurs exercices, tarde ; quant aux autres phénomènes que tu me cites, ils sont connus dans les hospices et, sauf l’effluence démoniaque, ils ne nous apprennent rien de neuf ; — maintenant, autre chose, reprit-il, pas un mot de tout cela devant Carhaix, car s’il savait que tu as assisté à un office en l’honneur du Diable, il serait capable de te fermer sa porte !

Ils descendirent du logis de Durtal et s’acheminèrent vers les tours de Saint-Sulpice.

— Je ne me suis pas inquiété des victuailles puisque tu t’en chargeais, dit Durtal, mais j’ai envoyé, ce matin, à la femme de Carhaix, en sus des desserts et du vin, de vrais pains d’épices de Hollande et deux liqueurs un peu surprenantes, un élixir de longue vie que nous prendrons, en guise d’apéritif, avant le repas, et un flacon de crème de