Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/390

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céleri. Je les ai découverts chez un distillateur probe.

— Oh !

— Oui, mon ami, probe ; tu verras, cet élixir de longue vie est fabriqué, suivant une très ancienne formule du Codex, avec de l’aloès socotrin, du petit cardamome, du safran, de la myrrhe et un tas d’autres aromates. C’est inhumainement amer, mais c’est exquis !

— Soit ; au reste, c’est bien le moins que nous fêtions la délivrance de Gévingey.

— Tu l’as revu ?

— Oui ; il se porte à ravir ; nous lui ferons raconter sa guérison.

— Je me demande avec quoi il vit encore celui-là ?

— Mais avec les ressources que lui procure sa science d’astrologue.

— Il y a donc des gens riches qui se font tirer des horoscopes ?

— Dame, il faut le croire ; — à te dire vrai, je pense que Gévingey n’est pas très à son aise. Sous l’Empire, il fut l’astrologue de l’Impératrice qui était fort superstitieuse et ajoutait foi autant que Napolèon, du reste, aux prédictions et aux sorts ; mais depuis la chute de l’Empire, sa situation a bien baissé. Il passe cependant pour être le seul en France qui ait conservé les secrets de Cornélius