Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/410

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— Oui, c’est le règne de la liberté, de la bonté, de l’amour !

— Voyons, voyons, fit Durtal, je m’y perds, moi. D’une part, vous annoncez l’arrivée du Saint-Esprit, de l’autre l’avènement glorieux du Christ. Ces deux règnes se confondent-ils ou doivent-ils se succéder ?

— Il convient de distinguer, répondit Gévingey, entre la venue du Paraclet et le retour victorieux du Christ. L’une précède l’autre. Il faut d’abord qu’une Société soit recréée, embrasée par la troisième Hypostase, par l’Amour, pour que Jésus descende, ainsi qu’il l’a promis, des nuées, et règne sur des peuples formés à son image.

— Et le Pape qu’en faites-vous dans tout cela ?

— Ah ! c’est là un des points les plus curieux de la doctrine Johannite. Les temps, depuis la première apparition du Messie, se divisent, vous le savez, en deux périodes, la période du Sauveur victimal et expiant, celle où nous sommes, et l’autre, celle que nous attendons, la période du Christ, lavé de ses crachats, flamboyant dans la suradorable splendeur de sa Personne. Eh bien ! il y a un pape différent pour chacune de ces ères ; les Livres Saints annoncent, ainsi que mes horoscopes, du reste, ces deux Souverains Pontificats.

C’est un axiome de la théologie que l’esprit de Pierre vit en ses successeurs. Il y vivra, plus ou