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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/411

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moins effacé, jusqu’à l’expansion souhaitée du Saint-Esprit. Alors Jean qui a été mis en réserve, dit l’Évangile, commencera son Ministère d’amour, vivra dans l’âme des nouveaux Papes.

— Je ne comprends pas bien l’utilité d’un pape, alors que Jésus sera visible, fit des Hermies.

— Il n’a, en effet, de raison d’être et il ne peut exister que pendant l’époque réservée aux effluences du divin Paraclet. Le jour où dans le tourbillon des glorieux météores, Jésus paraît, le pontificat de Rome cesse.

— Sans approfondir ces questions sur lesquelles on pourrait discuter pendant des ans, j’admire, s’écria Durtal, la placidité de cette utopie qui s’imagine que l’homme est perfectible ! — Mais non, à la fin, la créature humaine est née égoïste, abusive, vile. Regardez donc autour de vous et voyez ! une lutte incessante, une société cynique et féroce, les pauvres, les humbles, hués, pilés par les bourgeois enrichis, par les viandards ! partout le triomphe des scélérats ou des médiocres, partout l’apothéose des gredins de la politique et des banques ! et vous croyez qu’on remontera un courant pareil ? Non, jamais, l’homme n’a changé ; son âme purulait au temps de la Genèse, elle n’est, à l’heure actuelle, ni moins fétide. La forme seule de ses péchés varie ; le progrès, c’est l’hypocrisie qui raffine les vices !