Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ni leur tempérament, ni leur âme ne s’accordaient, ironiquement, elle finissait par lui dire :

« Merci du bon petit amour, réglé de même qu’un papier à musique, que vous m’avez servi ; mais ce n’est pas là ma mesure, mon cœur gante plus grand… »

— Son cœur ! et il se mit à rire, — puis, il continua :

« Je comprends certes que vous n’ayez pas pour mission et pour but de le combler, mais vous pouviez au moins me concéder une franche camaraderie qui m’eût permis de laisser mon sexe chez moi et d’aller causer quelquefois, le soir, avec vous ; cette chose si simple en apparence, vous l’avez rendue impossible. — Adieu et pour jamais. Je n’ai plus qu’à faire un nouveau pacte avec la solitude à laquelle j’ai tenté d’être infidèle… »

— La solitude ! eh bien et ce cocu paterne et narquois qu’est son mari ! Au fait, reprit-il, c’est lui qui doit être, à l’heure actuelle, le plus à plaindre ; je lui procurais des soirées silencieuses, je lui restituais une femme assouplie et satisfaite ; il profitait de mes fatigues, ce sacristain ! Ah ! quand j’y songe, ses yeux papelards et sournois, quand il me regardait, en disaient long !

Enfin, ce petit roman est terminé ; la bonne chose que d’avoir le cœur en grève ! l’on ne souffre ni des mésaises d’amour, ni des ruptures !