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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/419

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Il me reste bien un cerveau mal famé qui, de temps en temps, prend feu, mais les postes-vigies des pompières l’éteignent, en un clin d’œil.

Autrefois, quand j’étais jeune et ardent, les femmes se fichaient de moi ; maintenant que je suis rassis, c’est moi qui me fiche d’elles. C’est le vrai rôle, celui-là, mon vieux, dit-il à son chat qui écoutait, les oreilles droites, ce soliloque. Au fond, ce que Gilles de Rais est plus intéressant que Mme Chantelouve ; malheureusement, mes relations avec lui tirent à leur fin aussi ; encore quelques pages et le livre est achevé. — Allons, bon, voilà cet affreux Rateau qui vient troubler mon ménage.

Et, en effet, le concierge entra, s’excusa d’être en retard, enleva sa veste, et jeta un regard de défi aux meubles.

Puis il s’élança sur le lit, se colleta, comme un lutteur, avec les matelas, en prit un à bras-le-corps, le souleva de terre, se balança avec, puis d’un coup de reins, l’étala, en soufflant, sur le sommier.

Durtal passa, suivi de son chat, dans l’autre pièce, mais subitement Rateau interrompit son pugilat et vint les rejoindre.

— Monsieur sait ce qui m’arrive ? balbutia-t-il, d’un ton piteux.

— Non.

— Madame Rateau m’a quitté.