Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/432

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mais malgré les belles phrases dont l’assaisonnent les hypocrites ou les niais, en quoi veux-tu qu’elle consiste ? où veux-tu qu’elle mène ? D’ailleurs l’Église, que ces compérages ne sauraient duper, condamne indifféremment l’une et l’autre de ces magies.

— Ah ! dit Durtal, en allumant une cigarette, après un silence, ça vaut mieux que de causer de politique ou de courses, mais quelle pétaudière ! que croire ? la moitié de ces doctrines est folle et l’autre est si mystérieuse qu’elle entraîne ; attester le Satanisme ? dame, c’est bien gros, et pourtant cela peut sembler quasi sûr ; mais alors, si on est logique avec soi-même, il faut croire au Catholicisme et, dans ce cas, il ne reste plus qu’à prier ; car enfin, ce n’est pas le Bouddhisme et les autres cultes de ce gabarit qui sont de taille à lutter contre la religion du Christ !

— Eh bien, crois !

— Je ne peux pas ; il y a là-dedans un tas de dogmes qui me découragent et me révoltent !

— Je ne suis pas certain non plus de bien grand’chose, reprit des Hermies, et pourtant il y a des moments où je sens que ça vient, où je crois presque. Ce qui est, en tout cas, avéré pour moi, c’est que le surnaturel existe, qu’il soit chrétien ou non. Le nier, c’est nier l’évidence, c’est barboter dans l’auge du maté-