Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/88

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pirer, parler du Satanisme ; il est vrai que je lui avais promis d’en causer avec vous, ce soir. — Oui, reprit-il, répondant à un regard étonné du sonneur ; — hier, Durtal qui s’occupe, comme vous le savez, de l’histoire de Gilles De Rais, déclarait posséder tous les renseignements sur le Diabolisme au Moyen Âge. Je lui ai demandé s’il en détenait aussi sur le Satanisme de nos jours. Il s’est ébroué, doutant que de telles pratiques se continuassent.

— Ce n’est que trop vrai, répliqua Carhaix, devenu grave.

— Avant que nous ne nous expliquions là-dessus, il y a une question que je voudrais poser à des Hermies, dit Durtal : — voyons, toi, peux-tu sans blaguer, sans faire ton sourire en coin, me dire une bonne fois si, oui ou non, tu crois au catholicisme ?

— Lui ! s’exclama le sonneur, il est pis qu’un incrédule, c’est un hérésiarque !

— Le fait est que si j’étais certain de quelque chose, je pencherais assez volontiers vers le manichéisme, dit des Hermies ; c’est une des plus anciennes et c’est la plus simple des religions, celle, dans tous les cas, qui explique le mieux l’abominable margouillis du temps présent.

Le Principe du al et le Principe du Bien, le Dieu de Lumière et le Dieu de Ténèbres, deux Rivaux se disputant notre âme, c’est au moins