Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/118

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ces enfants remplissent à la cathédrale, plus le produit d’un petit journal mensuel, intitulé « la Voix de Notre-Dame », enfin et surtout la charité des fidèles ; tout cela ne constitue pas un solide avoir et cependant, jusqu’à ce jour, jamais l’argent n’a manqué !

L’abbé se leva et s’approcha de la fenêtre.

— Oh ! la pluie ne cessera point, dit Durtal ; j’ai bien peur, Monsieur l’abbé, que nous ne puisssions visiter les portails de la Cathédrale aujourd’hui.

— Rien ne presse ; avant de voir Notre-Dame en ses parties, ne faut-il pas l’embrasser en son ensemble, se pénétrer de son sens général, avant que d’en feuilleter les détails ?

Tout est dans cet édifice, reprit-il en enveloppant d’un geste l’Eglise, les Ecritures, la théologie, l’histoire du genre humain résumée en ses grandes lignes ; grâce à la science du symbolisme on a pu faire d’un monceau de pierres un macrocosme.

Oui, je le répète, tout tient dans ce vaisseau, même notre vie matérielle et morale, nos vertus et nos vices. L’architecte nous prend dès la naissance d’Adam pour nous mener jusqu’à la fin des siècles. Notre-Dame de Chartres est le répertoire le plus colossal qui soit du ciel et de la terre, de Dieu et de l’homme.

Toutes ses figures sont des mots ; tous ses groupes sont des phrases ; la difficulté est de les lire.

— Et cela se peut ?

— Certes. Qu’il y ait dans nos versions quelques contresens, je le veux bien, mais enfin le palimpseste est déchiffrable ; la clef, c’est la connaissance des symboles.