Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/117

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mais je sens bien que vous avez raison. Il est certain, en effet, que des enfants cultivés, lentement dès leur bas âge, à l’abri du monde, dans l’ombre d’un sanctuaire tel que celui de Chartres, doivent aboutir à l’éclosion d’une flore unique !

Et comme Durtal lui racontait l’impression qu’il avait ressentie devant le service angélique d’une messe, l’abbé sourit.

— Si nos enfants, dit-il, ne sont point uniques, ils sont, en tout cas, rares ; la Vierge les dresse, elle-même, ici ; et remarquez bien que celui que vous vîtes officier n’était ni plus diligent, ni plus scrupuleux que les autres ; tous sont ainsi : destinés, dès leur onzième année, au sacerdoce, ils apprennent tout naturellement à vivre de la vie spirituelle, dans cette intimité continue du culte.

— Enfin quelle est l’organisation de cette œuvre ?

— L’œuvre des clercs de Notre-Dame a été fondée en 1853, ou plutôt elle a été reprise à cette époque, car elle existait au Moyen Âge, par l’abbé Ychard. son but est d’augmenter le nombre des prêtres, en permettant aux gamins pauvres de commencer leurs études. Elle accepte, à quelques pays qu’ils appartiennent, tous les sujets intelligents et pieux, chez lesquels on peut soupçonner une vocation pour les ordres. Ils mûrissent alors à la Maîtrise jusqu’à la classe de troisième et on les récolte ensuite au Séminaire.

Ses ressources ? elles sont humainement nulles, basées sur les fonds de la Providence — car elle n’a, en somme, pour subvenir aux besoins de plus de quatre-vingts élèves, que les honoraires des différentes fonctions que