Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/130

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part de son architecte, une intention particulière, un but spécial ?

— Oui, mais je conviens tout de suite que la clef de cette arithmétique religieuse est perdue. Les archéologues qui s’évertuèrent à la retrouver ont eu beau additionner des mètres de travées et de nefs, ils ne sont pas parvenus à nous traduire bien clairement la pensée qu’ils s’attendaient à voir énoncée par des totaux.

Avouons-le, nous sommes, en cette matière, ignares. Est-ce que d’ailleurs les mesures n’ont pas varié avec les époques ? il en est d’elles comme de la valeur des monnaies au Moyen Age, nous n’y distinguons rien. Aussi, malgré d’intéressants travaux entrepris, à ce point de vue, par l’abbé Crosnier, à propos du Prieuré de Saint-Gilles, et par l’abbé Devoucoux sur la Cathédrale d’Autun, restai-je sceptique devant leurs conclusions qui sont pour moi très ingénieuses, mais aussi très peu sûres.

La méthode numérique se décèle excellente seulement pour des détails — tels que celui des piliers dont je vous parlais tout à l’heure — elle est également authentique quand il est question d’un seul chiffre répété partout dans un même édifice, exemple : celui de Paray-le-Monial où tout marche par trois. Là, le constructeur ne s’est pas borné à reproduire le nombre sacré dans le plan général de l’Eglise ; il l’a employé dans chacune des parties. Cette Basilique a, en effet, trois nefs ; chaque nef a trois travées ; chaque travée est formée d’une arcature dessinée par trois arcs et surmontée de trois fenêtres. Bref, c’est le rappel de la Trinité, le principe ternaire, mis en pratique jusqu’au bout.