Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/203

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des pierreries, dont parle, dans le vingt et unième chapitre de l’Apocalypse, Saint Jean. D’après elle, le saphir se réfère à la sérénité de Marie ; la chrysolithe déclare son amour pour l’Eglise militante et spécialement pour la Loi de grâce ; l’améthyste, sa puissance contre les hordes de l’enfer ; le jaspe, sa constance invincible ; la perle, son inestimable dignité…

— La perle est envisagée par saint Eucher, ainsi que la perfection, la chasteté, la doctrine évangélique, interrompit l’abbé Plomb.

— Avec tout cela, vous oubliez la signification d’autres brillants connus, s’écria Mme Bavoil. Le rubis, le grenat, l’aigue-marine ; ils sont donc muets, ceux-là ?

— Non, répliqua Durtal. Le rubis annonce le calme et la patience ; le grenat réverbère, d’après Innocent III, la charité ; suivant saint Brunon et saint Rupert, l’aigue-marine concentre, dans la clarté verte de ses feux, la science théologique ; restent encore deux autres minéraux : la turquoise et l’opale. L’une, peu citée par les mystiques, doit promulguer la joie. Quant à la seconde, dont le nom n’apparaît point chez nos lapidaires, elle n’est autre que la chalcédoine qui nous est décrite telle qu’une sorte d’agate, d’une teinte trouble, voilée de nuages, lançant des étincelles dans l’ombre.

Afin d’en finir avec cette orfèvrerie symbolique, disons encore que la série des pierres servit à commémorer chacune des hiérarchies des Anges ; mais là encore les acceptions sont issues de rapprochements plus ou moins contraints, de trames d’idées plus ou moins ténues, plus ou moins lâches. Toujours est-il que la sarde évoque les Séraphins, la topaze les Chérubins, le jaspe les Trônes,