Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/215

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puis, c’étaient d’invraisemblables vestons ras et déteints, taillés dans des draps de billard, dans des prélarts élimés, dans des rebuts de bâches ; des redingotes découpées dans de la tôle, dévernie dans la raie du dos et aux coudes ; des gilets glauques, parsemés de fleurettes et fermés par des boutons en fromage de cochon sec ; mais tout cela n’était rien, ce qui était prodigieux, hors de toute réalité, dûment insane, c’était la collection de chapeaux hissés sur ces défroques.

Les spécimens des couvre-chefs abolis, perdus dans la nuit des âges, s’étaient assemblés là ; les vétérans s’avançaient coiffés de boîtes à manchons et de tuyaux à gaz ; d’autres exposaient des hautes-formes blancs, pareils à des seaux renversés de toilette ou à des bondons percés dans le bas d’un trou ; d’autres encore se pavoisaient de feutres semblables à des éponges, de bolivars hérissés et velus, de melons à bords plats imitant des tourtes posées sur des assiettes ; d’autres enfin affichaient des chapeaux à claque qui gondolaient, jouaient de l’accordéon tout seuls, avec leurs côtes visibles sous la soie.

La démence des gibus dépassait le possible. Il y en avait de très élevés dont le fût menait à des plates-formes évasées tels que les shakos des voltigeurs du premier Empire, de très bas qui s’achevaient en gueule de tromblon, en table de schapska, en pots de chambre retournés d’enfants !

Et, au-dessous de ce sanhédrin de chapeaux saouls, grimaçaient des figures ridées de vieillards, avec des pattes de lapin le long des joues et des poils de brosses à dents sous le nez.

Durtal fut secoué par un rire inextinguible devant ce