Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/310

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d’Alexandrie qui résume toute la question en deux phrases :

« Je nomme sans honte ces parties du corps où se forme et se nourrit le fœtus ; comment, en effet, aurais-je honte de les nommer puisque Dieu n’a pas eu honte de les créer ? »

Aucun des grands écrivains de l’Eglise ne fut bégueule. Cette pruderie qui nous abêtit depuis si longtemps, elle, remonte justement aux âges impies, à cette époque de paganisme, à ce retour de classicisme avarié que fut la Renaissance ; et ce qu’elle s’est développée depuis ! Elle eut son grand terrain de culture dans les pompeuses et les lubriques annnées du soi-disant grand siècle ; le virus janséniste, le vieux suint protestant s’infiltra dans le sang des catholiques et ils l’ont encore !

— Eh bien vrai ! ils sont jolis les résultats de cette syphilis de la décence — et Durtal éclata de rire, en songeant à la Cathédrale de Chartres.

Ici, il sied de tirer l’échelle, se dit-il, car le summum de l’imbécillité pieuse est atteint. Parmi les sculptures qui cernent le pourtour du chœur de cette Basilique, figure le groupe de la Circoncision, Saint Joseph tenant le bambin, tandis que la Vierge prépare un linge et que le grand-prêtre s’approche pour opérer l’enfant.

Et il s’est trouvé un sacriste effaré, un sacerdote épimane, pour juger cette scène libertine et coller un morceau de papier sur le ventre de Jésus !

L’impudeur de Dieu, l’obscénité de l’enfant à peine né, c’est un comble !

Fichtre, reprit-il, avec toutes ces réflexions, le temps