Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/312

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des vêtements entr’ouverts, toute l’abomination des nuages en tôle et des ciels bleus !

Les effluves diaboliques sont dans l’orage et les temps où l’air vente des trombes de calorifère, suscitent des ruts, mettent l’essaim hurlant des mauvais anges en branle.

— Rappelez-vous les textes d’Isaïe et de Jérémie qui assignent pour demeures à Lucifer les rafales de l’aquilon, puis songez que les grandes cathédrales ne sont pas nées dans le Sud, mais bien dans le Centre et le Nord de la France ; par conséquent, après avoir adopté la symbolique des saisons et des climatures, les architectes religieux firent le rêve des gens bloqués dans les neiges qui aspirent après un rayon de soleil et un jour gai ; forcément, ils crurent que le Levant était une succursale du vieux Paradis et regardèrent ces contrées comme plus douces, comme plus clémentes que les leurs.

— N’empêche que cette théorie est contredite par Notre Seigneur même.

— Où avez-vous vu cela, s’écria l’abbé Plomb.

— Sur le Calvaire ; Jésus mourant tournait le dos au Midi qui le crucifiait et il étendait ses bras sur la croix pour bénir, pour embrasser le Nord. Il semblait retirer à l’Orient ses grâces pour les transmettre à l’Occident. Si donc, il y a des régions maudites et habitées par Satan, c’est le Midi et non le Nord !

— Voux excécrez les pays du Sud et ses populations, cela se sent, dit, en riant, l’abbé.

— Je ne les aime guère. Leurs paysages encanaillés par une lumière crue et leurs arbres poudreux se découpant sur un fond de bleu à laver le linge ne m’attirent