Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/408

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cette Basilique et les douces rêveries qu’elle suggère, car enfin je ne connaîtrai plus la joie de ces lentes flânes, de ces détentes, puisque je serai soumis au caporalisme des cloches sonnant les gestes monastiques, si je me laisse bloquer dans un cloître !

Qui sait même si, dans le silence de la cellule, les cris éperdus de ces choucas qui croassent sans arrêt ne me manqueront point, reprit-il, considérant, avec un sourire, les nuées de ces oiseaux qui s’abattaient sur les tours ; et il se remémorait une légende narrant que, depuis l’incendie de 1836, chaque soir, à l’heure exacte où le feu prit, ces bêtes fuyaient la Cathédrale et n’y revenaient que le lendemain, dès l’aube, après avoir pernocté dans une forêt, à trois lieues de Chartres.

Cette légende est aussi folle que cette autre chère aux bonnes femmes de la ville ; celle-là prétend qu’il sort du sang, lorsque l’on crache, le Vendredi Saint, sur un carré de pierre scellé avec du ciment noir, dans une dalle située à l’arrière du chœur !


Tiens, Madame Bavoil.

— Oui, notre ami, c’est moi ; je viens de faire une course pour le père et je retourne au logis où je vais apprêter la soupe ; eh bien, et vous, vous préparez vos malles ?

— Mes malles !

— Dame, est-ce que vous ne partez pas dans un monastère ? fit-elle, en riant.

— Fichez-vous de moi ! s’exlama Durtal qui se mit à son tour à rire ; je voudrais bien vous y voir ; quand il s’agit de se résoudre à devenir un soldat assujetti à des exercices de peloton pieux, un pauvre troubade dont