Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/415

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louange ; d’autres encore le transfèrent dans le scarabée, comme saint Eucher ; dans l’abeille, considérée cependant ainsi qu’un infâme pécheur, par Raban Maur ; d’autres enfin spécifient, avec le phénix et le coq, sa Résurrection, avec le rhinocéros et le buffle, sa colère et sa force.

L’iconographie de la Vierge est moins dense. Sainte Marie peut être célébrée par toute créature chaste et bénigne. Dans ses « Distinctions monastiques », l’anonyme anglais la nomme avec cette même abeille que nous venons de voir si maltraitée par l’archevêque de Mayence ; mais Elle fut surtout décrétée par la colombe qui est peut-être l’oiseau dont le Belluaire ecclésial se soit le plus occupé.

D’après tous les mystiques, la colombe est l’image de la Vierge et du Paraclet. Suivant sainte Mechtilde, elle est la simplicité du cœur de Jésus ; selon Amalat Fortunaire et Yves de Chartres, elle manifeste les prédicateurs, la vie religieuse active, — en opposition avec la tourterelle qui décèle la vie contemplative, — parce qu’elle vole et gémit, en bande, tandis que la tourterelle se réjouit, seule, à l’écart.

Pour Brunon d’Asti, la colombe est encore un modèle de la patience, une effigie des Prophètes.

Quant au Bestiaire infernal, il s’étend à perte de vue ; tout le monde des animaux fantastiques s’y engouffre ; puis dans la série des bêtes réelles défilent : le serpent, l’aspic des Ecritures, le scorpion, le loup désigné par Jésus même, le léopard dénoncé par saint Méliton comme se référant à l’Antéchrist ; le tigre dont la femelle assume le péché d’arrogance ; l’hyène, le chacal, l’ours, le sanglier