Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/449

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chargé de réduire mes incertitudes en me notifiant mon départ pour Solesmes, mais c’est tout comme ! Car, enfin, il y a dans cette histoire quelque chose qui n’est pas clair. Pourquoi l’abbé Plomb a-t-il promis aux Bénéditins de m’amener avec lui ? Il a certainement agi sur la demande de l’abbé Gévresin. Il n’y avait nul motif autrement pour qu’il causât de moi avec les Pères. Je lui ai bien, il est vrai, parlé de mes ennuis, de mes vagues envies de retraite, de mon affection pour les monastères, mais je ne l’ai pas incité à marcher ainsi de l’avant, à précipiter aussi brusquement les choses !


Allons, me voici encore à imaginer des stratégies, à chercher midi à quatorze heures, à découvrir des intentions là où il n’y en a peut-être point. Et puis, quand même, il y en aurait ! Est-ce que ce n’est pas dans mon intérêt que ces braves amis complotent ?

Je n’ai qu’à les écouter et à leur obéir ; voyons, laissons cela et revenons à notre Bestiaire car le temps passe et je veux avoir terminé ce travail avant de décamper ; et, à l’affût devant la cathédrale, il examina le portail du Sud qui renfermait la zoologie mystique et les diableries.

Mais, il n’y aperçut pas les formes extravagantes qu’il rêvait. A Chartres, les vertus et les vices n’étaient pas annoncés par des animaux plus ou moins chimériques, mais bien par des figures humaines. En explorant avec soin, il dénicha, sur des piliers de la baie du milieu, des péchés incarnés en de minuscules groupes : la luxure notée par une femme qui caresse un jeune homme ; l’ivrognerie par un manant qui s’apprête à souffleter un évêque ; la discorde par un mari qui se querelle avec sa