Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/466

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trône est dans le tympan triomphal du portique d’honneur, du portail Royal.

Et avant de s’éloigner de cette façade, jetant un dernier coup d’œil sur ces haies d’élus, Durtal s’arrêtait devant saint Clément et saint Grégoire.

Saint Clément dont la mort extraordinaire fait presque oublier une vie tout entière adonnée à herser les âmes ; et Durtal se rappelait le récit de Voragine. Après avoir été exilé, sous le règne de Trajan, en Chersonèse, Clément est jeté, avec une ancre au cou, dans la mer, tandis que l’assemblée des chrétiens agenouillés sur le rivage, demande au ciel de conserver son corps ; et la mer recule de trois milles, et les fidèles gagnent à pied sec une chapelle que les Anges viennent d’édifier sous les vagues et dans laquelle le cadavre du Saint repose, sur un tombeau ; et, durant plusieurs siècles, la mer se retire ainsi, pendant une semaine, chaque année, afin de permettre aux pèlerins de visiter ses reliques.

Saint Grégoire, le premier moine Bénédictin, nommé pape, le maître de la liturgie, le créateur du plain-chant. Il fut, à la fois, éperdu de justice, fou de charité, passionné d’art, cet admirable pape, à l’esprit si compréhensif, si large, qu’il considérait ainsi qu’une tentation démoniaque, le désir que les cagots, que les pharisiens de son temps, manifestaient de ne point lire la littérature profane, parce que, disait-il, celle-là nous aide à comprendre l’autre.

Sacré, contre son gré, pontife, il traîne une vie torturée par l’angoisse, pleure le repos quitté du cloître et n’en lutte pas moins avec une incroyable énergie contre les assauts des Barbares, les hérésies de l’Afrique,