Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


— L’auteur de « Parthénie », Sébastien Rouillard, pense que c’est en expiation de certains péchés, que ces désastres furent permis et il insinue que la combustion de la troisième cathédrale fut peut-être légitimée par l’inconduite de certains pèlerins, qui couchaient en ce temps, hommes et femmes, pêle-mêle, dans la nef. D’autres croient que le Démon, qui peut mésuser de la foudre, en certains cas, a voulu supprimer à tout prix ce sanctuaire.

— Mais alors, pourquoi la Vierge ne l’a-t-elle pas mieux défendu ?

— Remarquez bien qu’Elle l’a, nombre de fois, empêché d’être intégralement réduit en cendres, mais cela n’est pas, en effet, moins singulier. Songez que Chartres est le premier oratoire que Notre-Dame ait eu en France. Il se relie aux temps messianiques, car bien avant que la fille de Joachim ne fût née, les Druides avaient instauré, dans la grotte qui est devenue notre crypte, un autel à la « Vierge qui devait enfanter » « Virgini Pariturae ». Ils ont eu, par une sorte de grâce, l’intuition d’un Sauveur dont la Mère serait sans tache : il semble donc qu’à Chartres, plus que dans tout autre lieu, il y ait de très vieux liens d’amitié avec Marie ; l’on comprend dès lors que Satan se soit entêté à les rompre.

— Savez-vous, fit Durtal, que cette grotte a été préfigurée dans une annexe, humaine, quasi officieuse, de l’Ancien Testament. Dans sa « Vie de Notre Seigneur », l’admirable voyante que fut Catherine Emmerich nous signale, à proximité du Mont-Carmel, une grotte et un puits près desquels Elie aperçut une Vierge ; c’est à cet endroit, dit-elle, que les Juifs, qui attendaient l’arrivée