Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/78

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d’un Rédempteur, se rendaient, plusieurs fois par an, en pèlerinage.

N’est-ce pas l’image de la grotte de Chartres et du puits des Saints Forts ?

Remarquez, d’autre part, cette tendance du tonnerre à choir non sur le clocher vieux, mais sur le clocher neuf ; je crois qu’aucune raison météorologique ne saurait justifier cette préférence ; et si je considère attentivement les deux flèches, je suis frappé de la délicatesse des végétations courant sous des dentelles, de tout le côté gracile et coquet du clocher neuf. L’autre, au contraire, n’a ni un ornement, ni une guipure ; il est simplement papelonné comme un homme d’armes d’écailles ; il est sobre et sévère, altier et robuste. L’on dirait vraiment que l’un est féminin et que l’autre appartient au sexe mâle. Ne peut-on, dès lors, leur faire symboliser au premier la Vierge et au second le Fils ? Dans ce cas, ma conclusion ne diffère point de celle que vient de nous exposer Monsieur l’abbé ; les incendies seraient attribuables à Satan qui s’acharnerait sur l’image de Celle qui a le pouvoir de lui écraser le chef.

— Prenez donc un peu de filet, notre ami, fit Mme Bavoil qui entra, tenant entre ses bras une bouteille.

— Non, merci.

— Et vous, Monsieur l’abbé ?

L’abbé Plomb s’inclina en refusant.

— Mais vous ne mangez pas !

— Comment je ne mange pas ! je vous avouerai même que j’ai un peu honte d’avoir si bien déjeuné, alors que j’ai lu, ce matin, la vie de saint Laurent, archevê