Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

convaincu que si la particularité, que si l’essence du Roman est surtout la voûte substituée aux lambris des toits, l’origine et le caractère distinct du Gothique est l’arc-boutant et non l’ogive.

Je fais bien quelques réserves sur la justesse de cette boutade de Quicherat « que l’histoire de l’architecture au Moyen Age n’est que l’histoire de la lutte des architectes contre la poussée et la pesanteur des voûtes », car il y a autre chose, en art, qu’une industrie matérielle et qu’une question pratique, mais n’empêche qu’il a certainement raison sur presque tous les points.

Maintenant, nous pouvons poser en principe qu’en nous servant des termes d’ogive et de gothique, nous employons des vocables que l’on a détournés de leur vrai sens, car les Goths n’ont rien à voir avec l’architecture qui s’empara de leur nom et le mot ogive, qui signifie justement la forme du plein-cintre, est absolument inapte à désigner cet arc brisé que l’on a pris pendant tant d’années, pour la base, pour la personnalité même d’un style.

En somme, poursuivit l’abbé, après un silence, comment juger les œuvres d’antan, en dehors même de cette aide d’arcs plantés dans des contreforts ou de voûtes en anses de panier ou en cul de four, car toutes sont adultérées par les siècles ou inachevées. Notre-Dame, à Chartres, devait avoir neuf clochers et elle n’en a que deux ; les basiliques de Reims, de Paris, de Laon, d’autres, étaient destinées à porter des flèches sur leurs tours, où sont-elles ? nous ne pouvons donc nous rendre un compte exact de l’effet que voulurent produire leurs architectes. D’autre part, les cathédrales étaient faites