Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le nom de chemise, de tunique, de la Vierge !

— Et avec quoi est-elle constituée, selon vous, l’âme de Chartres ? demanda l’abbé Plomb.

— Toujours pas avec celle des bourgeoises de la ville et des quelques marguilliers qui s’y décantent, répondit Durtal ; non, elle est vivifiée par les sœurs, par les paysannes, par les pensionnats religieux, par les élèves du séminaire, peut-être surtout par les enfants de la maîtrise, qui viennent baiser le pilier et s’agenouiller devant la Vierge noire !

La bourgeoisie dévote, mais elle ferait prendre la fuite aux Anges !

— A de rares exceptions près, c’est en effet dans cette caste que se recrute la fleur des pharisiennes, dit l’abbé Plomb et il ajouta, d’un ton moitié plaisant et moitié contrit :

C’est moi qui suis, à Chartres, le triste jardinier de ces âmes !

— Revenons, reprit l’abbé Gévresin, à notre point de départ ; où est né le Gothique ?

— En France, Lecoy de la Marche l’atteste expressément : « l’arc-boutant apparut comme fondement intégral d’un style, dès les premières années du règne de Louis-le-Gros, dans le pays compris entre la Seine et l’Aisne. » D’après lui, le premier essai de cet art serait la Cathédrale de Laon ; selon d’autres, au contraire, elle ne serait qu’une succédanée de basiliques antérieures et tour à tour, l’on cite les Eglises de Saint-Front à Périgueux, de Vézelay, de Saint-Denis, de Noyon, l’Ancienne Collégiale de Poissy, et personne ne s’entend.