Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/88

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Une seule chose est certaine, c’est que le Gothique est un art du Nord, qu’il pénétra dans la Normandie et, de là, en Angleterre ; puis il gagna les bords du Rhin au XIIe siècle et l’Espagne, au commencement du XIIIe.

Les églises, gothiques dans le Midi, ne sont que des importations très mal assorties avec les êtres qui les peuplent et avec le ciel d’un bleu véhément qui les gâte.

— Remarquez, dit Durtal, que cette partie de la Mystique est en désaccord, dans notre pays, avec les autres.

— Comment cela ?

— Dame, la France n’a eu, dans la répartition de l’art religieux, que l’architecture. Considérez, en peinture, les Primitifs. Les peintres et aussi les sculpteurs sont tous Italiens, Espagnols, Flamands, Allemands. Ceux que l’on tente de nous imposer ainsi que des compatriotes, sont des Flamands transférés en Bourgogne ou de dociles Français dont les œuvres dérivées portent une empreinte, toute flamande. Voyez au Louvre ceux que l’on appelle nos Primitifs ; voyez surtout à Dijon ce qui subsiste de ces temps où l’art septentrional fut implanté par Philippe le Hardi, dans sa province. le doute n’est pas possible. — Tout vient des Flandres ; Jean Perréal, Bourdichon, Beauneveu, Fouquet même, sont tout ce que vous voudrez, sauf les inventeurs d’un art original dans les Gaules. Et il en est de même des écrivains mystiques. A quoi bon énumérer les nationalités diverses auxquelles ils appartiennent ? Eux aussi sont Espagnols, Italiens, Allemands, Flamands ; pas un n’est Français.

— Pardon, s’écria Mme Bavoil, pardon, notre ami ; il