Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/100

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hagardes ; elles courent, éclaboussent d’eau leur robe grise, se précipitent les unes sur les autres, s’enchevêtrent les pattes, tombent, se relèvent, bondissent comme une houle, tandis que le grand chien noir, ébouriffé, trempé jusqu’aux os, les frôle en baissant la tête et en grognant.

Ô ma petite bergère, que tu es changée ! Toi si mignarde, si frétillante, tu ne sautes plus dans l’herbe avec tes bas de soie brodés et tes mignonnes mules de satin rose, tu ne pinces plus de tes jolis doigts ta jupe qui bouillonne et crépite à chacun de tes sauts, tu clapotes lourdement dans l’eau avec des souliers gauchis et des pieds énormes ! Ta face béate, cuivrée par le soleil, bouffie par la graisse, se détache, déplorablement rouge, des ailes d’un chapeau amolli et boueux ; tes cheveux incultes