Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/129

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air plaintif, entremêlé de coups de cymbales et de trémolos de flûtes, et un monsieur en habit noir, orné de gants presque propres, l’air fatal, le teint livide, la bouche légèrement dépouillée de ses dents, paraît. Des applaudissements éclatent à la galerie d’en haut, assez mal composée, nous devons le dire. Nous sommes en face d’un premier ténor, Diantre ! recueillons-nous. Je ne sais trop, à vrai dire, ce qu’il chante : il brame certains mots et avale les autres. De temps en temps, il jette d’une voix stridente le mot : l’Alsace ! On applaudit et il semble convaincu qu’il chante de la musique. Cinq couplets défilent à la suite, puis il fait un profond salut, le bras gauche ballant, la main droite posée sur la poitrine, arrive à la porte du fond, se retourne, fait un nouveau salut et se retire. Des applaudissements frénétiques