Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/39

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se pâmait voluptueusement sous les brûlants effluves de son regard.

Était-ce possible ! cet homme était son amant ! Eh oui, c’était son amant ! C’est une fille entretenue par un jeune homme riche, beau, bien élevé, qui l’adore et qu’elle exècre parce qu’il est riche, beau, bien élevé, et qu’il est entêté d’elle jusqu’à la folie ! Celui qu’elle aime, le voilà ! c’est ce goujat rabougri. Ah ! celui-là ne la traite pas avec respect, n’obéit pas à ses caprices, ne lui parle pas un langage passionné ; celui-là l’insulte, la fouaille, et elle frémit de crainte et de désir, quand elle subit ses brutales caresses !

Une nausée me montait aux lèvres, je m’enfuis, et, tout en marchant, je comparais le désenchantement que je venais d’éprouver à celui que je ressentais lorsque j’aimai d’un amour si