Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/40

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tendre la reine Marguerite de Navarre. Quel rêve ! quelle débauche d’extase ! Aimer et être aimé d’une reine, belle à ravir, passionnée, intelligente, instruite ! Ô ma reine, ma noble charmeresse, ma divine Margot, que je t’ai aimée ! Hélas ! toi aussi tu m’as trompé ; des mémoires authentiques attestent que tu as eu pour amants ton cuisinier, ton laquais et un sieur Pomony, un chaudronnier d’Auvergne.

Et pourtant, ô ma belle mignotte, mon rêve adoré, que tes chroniqueurs t’avaient faite noble et fière ! Je t’aimais, je pleurais avec toi, alors que, défaillante, noyée de larmes, tu allais dans un charnier recueillir la tête sanglante du pauvre La Mole.

Ah ! misérable reine, ce n’était pas un amour sublime, une douleur immense qui te serrait la gorge et faisait jaillir de